Poème de Maurice Carême: Ville.
Ville
Trams, autos, autobus,
Un palais en jaune pâli,
De beaux souliers vernis,
De grands magasins, tant et plus.
Des cafés et des restaurants
Où s'entassent des gens.
Des casques brillent, blancs :
Des agents, encor des agents.
Passage dangereux. Feu rouge,
Feu orangé, feu vert.
Et brusquement tout bouge.
On entend haleter les pierres.
Je marche, emporté par la foule,
Vague qui houle,
Revient, repart, écume
Et roule encore, roule.
Nul ne sait ce qu'un autre pense
Dans l'inhumaine indifférence.
On va, on vient, on est muet,
On ne sait plus bien qu'il on est
Dans la ville qui bout, immense soupe au lait.
Maurice Carême (1899-1978).
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